De la Solitude         
       Nuit Blanche, Paris ... 4 octobre 2014, 19h - 7h, 4 rue des Irlandais
 

        ... début du projet Les Essais


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Dans la solitude sois une foule pour toi-même  / in lonely places be a crowd unto yourself
- Michel de Montaigne

Nuit Blanche 2014 (parcours GRA)
texte intégral (pdf)
en    fr
plan     
photos de la performance et de l'installation
       


Cette oeuvre était réalisée
avec le soutien
de l'Institut Curie
(Paris)   www.curie.fr

   Mes interventions littéraires sont caractérisées par leur fugacité. Elles sont éphémères, comme tout notre travail.  Dans De la Solitude Montaigne a écrit « Dans la solitude sois une foule pour toi-même ». Cette phrase, cette commande, a été un phare pour moi et ma vie. Dans notre vie d’une insomnie généralisée, comment favoriser notre capacité à rêver? Dans notre monde où nous tous subissons à la dictature du temps, combien de temps est-il nécessaire pour exprimer et transmettre l’essentiel ? Est-il possible d’instaurer l’impulsion de rêver,  d'inspirer un désir créatif dans un clin d’œil ? Un homme seul— en écrivant les mots d’un essai composé dans la seizième siècle, peut-il suffire à bouleverser la tyrannie de la quotidienneté ? Comment humilier les choses qui écrasent notre capacité à rêver ? Telle est la nature de mon essai.

   Dans mon travail j’approche l’absurdité, la futilité, car parfois la beauté n’est pas si loin de telles choses.

   Montaigne a écrit, « Dans la solitude sois une foule pour toi-même ». En inscrivant les mots et les réflexions de Montaigne sur la solitude, mon rêve serait de les faire apparaitre au monde qui passe, un monde qui ne doit jamais oublier qu’il mérite sa propre solitude.


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   ... je voudrais remercier Solène Dubois, Cécile Charré, Selma Mutal, Toby, Mackenzie T., la ville de Paris, et l'Institut Curie— qui étaient indispensable pour cette aventure.

                                           
                     


Quelques mots sur la philosophie, la santé, la solitude… et Michel de Montaigne         














   «L’âme qui loge la philosophie doit par sa santé rendre sain le corps lui aussi»

   La philosophie, la santé, la solitude… ces thèmes de Michel de Montaigne, philosophe et écrivain du seizième siècle, nous intéressent toujours. «Mon métier et mon art, c’est vivre» est un sentiment qui mérite notre regard ainsi que notre admiration. Ses pensées et ses essais restent contemporains et accessibles. Si on les visite nous serons accueillis avec une générosité exemplaire.

   Quand Montaigne parle de la douleur et de la maladie, il parle d’un sujet qui le concerne intimement. Comme son père, Montaigne a souffert d’une lithiase rénale et vésicale, une maladie fatale et extrêmement douloureuse.
   Pendant le seizième siècle aucune guérison n’existait et il y avait autant de remèdes que de médecins. C’est ce fait qui illustre la méfiance bien connue de Montaigne envers les médecins.

   Néanmoins, Montaigne n’encourage pas un rejet de la médecine mais il fait promouvoir un engagement personnel et profond face au processus de la maladie et de la souffrance. «Je porte en moi mes moyens de préservation, qui sont la détermination et la patience». Sa réponse stoïque est fondée sur la conception que l’âme et le corps sont indivisibles.
   «Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps que l’on forme : c’est une homme». Le corps n’est pas contre moi, le corps c’est moi ! Quand nous sommes malades, comme quand nous sommes en bonne santé, ce n’est pas seulement le corps qui parle.

   La santé est souvent conçue comme un état vide, une absence de la maladie… comme le bien peut être conçu comme l’absence du mal, ou le bonheur comme l’absence de tristesse. Une telle conception bannit la santé de notre vie s’il persiste le moindre vestige d’une maladie. Mais est-ce vrai… est-ce que la maladie possède le droit d’occuper et régner à chaque minute de notre journée? Pour Montaigne, la santé n’est pas l’absence de la maladie, mais elle se munit d’une valeur en soi, «la santé, dis-je, le plus beau et le plus riche cadeau, que nature nous sache faire».

   Néanmoins, la maladie nous entoure toujours. Elle possède la capacité de s’impliquer dans notre vie, arrivant dans des déguisements innumérables. De plus, nous souffrons les inquiétudes d’une maladie qui n’est pas arrivée, «celui qui craint de souffrir souffre déjà du fait qu’il craint». Nous ne sommes jamais au-delà de la saisie de la maladie mais il est dans notre pouvoir de résister à ses avances et de limiter son autorité.

   Mais, comment affronter la douleur, la maladie ? Ce n’est pas une question pharmacologique, mais morale… et c’est de cet aspect là dont nous parle Montaigne. Dans son essai de la Solitude, Montaigne a écrit «ce qu’il vous faut rechercher, ce n’est plus de savoir comment le monde parle de vous, mais comment vous parlez vous à vous-même. Retirez-vous en vous-même, mais préparez-vous d’abord à vous y accueillir». Le corps malade nous parle avec insistance, avec une voix qu'il est impossible d’ignorer. Quand même il faut trouver le moyen d’y répondre, à perpétuer une conversation significative avec nous-mêmes, créatrice et saine. La douleur (comme le plaisir), la maladie (comme la santé) «exige un engagement plus profond dans notre singularité» écrit Charles Taylor. Montaigne est en accord avec un tel propos. C’est la fidélité à soi-même qui est clef de la santé, et de la vie.

   Montaigne n’écrit pas que pour les malades mais aussi pour ceux qui assument la responsabilité de s’occuper de ceux qui souffrent, de ceux qui osent les soigner. La pensée de Montaigne est riche en conseils: être prudent quant aux limites que notre connaissance peut atteindre, conserver l’humilité en présence de notre science et garder le courage quand notre ignorance nous défie. Patient ou médecin, notre responsabilité envers nous-mêmes reste la même: Connais-toi toi-même.

                                                                     — MS

 
 



Poetry is Disaster 
correspond
  

© Mike Schertzer 1997 - 2016