Oui, l’empire est malade, et, ce qui est pire,
il essaie de s’habituer à ses plaies. Telles est la conclusion
de mes explorations : examinent les traces de bonheur qu’on
peut encore apercevoir, j’en mesure la rareté. Si tu
veux savoir quelle ombre il y a autour de toi, fixe des yeux les faibles
lumières du lointain.
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Italo Calvino
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En entrant à la Maison des Enfants Saint-André,
regardez les pavés.
Là, vous trouverez une cour remplie de mots tracés à
la craie blanche. Le texte provient du livre " Les Villes Invisibles
" de l'écrivain italien, Italo Calvino.
Pendant douze heures avant l'ouverture de la Nuit Blanche,
l'artiste Mike Schertzer écrira sur les pavés à la craie blanche.
Toute la performance sera filmée par Jérôme Noel et projetée sur l'espace,
en temps réel, en accompagnement à l'installation.
Dans la cour, le visiteur pourra lire les textes et flâner
librement. Grâce à leur statut éphémère, les mots lui parleront de
choses durables et de choses périssables.
La Maison des Enfants Saint-André est actuellement
une maison qui a pour mission « de développer la socialisation
et l'autonomie de l'enfant et de le sensibiliser à son environnement
social, culturel, écologique scientifique » entre autres.
Jadis, la maison était une morgue. A cet endroit se sont
donc côtoyées la mort et la naissance. Le début d'un voyage rempli
de possibilités se trouve dans le même bâtiment ou tels voyages ont
connu leur fin.
Dans son livre « Les Villes Invisibles »
Italo Calvino a écrit, , « il me semble quelquefois que ta voix
m'arrive de loin, tandis que je suis prisonnier d'un présent tapageur
et invisible, dans lequel toutes les formes humaines de la vie en
commun sont arrivées à un bout de leur cycle, et on ne peut imaginer
quelles formes nouvelles elles vont prendre. Et par ta voix j'écoute
les raisons invisibles pour lesquelles peut-être bien, après leur
mort elles vivront de nouveau » .
Nous construisons parce que nous sommes démontés.
Quand nous créons nous libérons ce qui est possible,
quand nous anéantissons, nous l'asservissons. La présence
du texte Les Villes Invisibles, en craie blanche, les traces
momentanées, parleront, ludique et simplement, de l'histoire
du site, et de son avenir… et évidemment, de notre passé
et de notre avenir. L'architecture conditionne notre humanité.
" We are where we live and we are how we live ".
Les lieux que nous visitons, ou évitons, sont liés intimement
avec ce qui nous sommes et ce qui nous devenons. Nous sommes toujours
résident, habitant, de quelque chose, d'une quelconque construction
humaine, parfois utopique ou pragmatique, sublime ou abominable, réel
ou imaginaire.
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M.S.
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L’enfer des vivants n’est pas chose
à venir : s’il y en a un, c’est celui qui est déjà
là, l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous
formons d’être ensemble. Il y a deux façons de
ne pas en souffrir. La première réussit aisément
à la plupart : accepter l’enfer, en devenir une part
au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle
demande une attention, une apprentissage continuels : chercher et
savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer,
n’est pas de l’enfer, et le faire durer, et lui faire
de la place.
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Italo Calvino
merci à Dominique
B, Stéphanie H, Brufête, Jerome Noel, Toby S, Robin T,
la Maison St André, la Ville de Bruxelles (et
ses brasseurs)... et la Clinique Saint-Jean !
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